Back
Image Alt

Histoire de la règle : origine et inventeur, tout savoir !

En 1879, la première serviette hygiénique commerciale voit le jour, mais reste longtemps inaccessible à la majorité des femmes en raison du coût et des préjugés sociaux persistants. Pendant des siècles, les menstruations ont été associées à des interdits religieux et à des croyances erronées, parfois jusqu’à l’exclusion temporaire des femmes de la vie sociale.

Certains pays maintiennent encore des pratiques discriminatoires liées au cycle menstruel, malgré l’évolution des connaissances médicales et l’apparition de solutions innovantes. L’histoire de ces pratiques révèle un enchevêtrement complexe entre progrès technique, représentations culturelles et résistances sociales.

A lire en complément : Obtenir des points CPD : astuces et conseils pour réussir votre évaluation

Les premières traces des menstruations dans l’histoire humaine

Les menstruations traversent l’histoire humaine, mais chaque époque leur a prêté un sens différent. En Égypte ancienne, les médecins abordent sans détour la réalité du cycle féminin. Les papyrus médicaux livrent un regard rationnel : on observe, on consigne, on traite sans superstitions envahissantes. Parfois même, le sang menstruel s’invite dans des rituels de guérison, employé pour ses vertus supposées, sans honte ni tabou.

La Grèce antique propose une autre lecture. Hippocrate, figure tutélaire de la médecine, explique les règles comme une évacuation des fluides nécessaire à la santé. Cette conception, où le corps féminin doit se purifier, s’impose dans l’imaginaire collectif et persiste bien au-delà de son temps. Le mystère se mue parfois en suspicion.

A lire également : Meilleur type d’animation : choisir le plus adapté pour vous

À Rome, la suspicion devient défiance. Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, dresse la liste des prétendus dangers du sang menstruel, capable selon lui de gâter le vin, d’abîmer le métal ou de faire dépérir les récoltes. Ces croyances, infondées mais répétées, s’installent durablement, tissant la toile de préjugés qui survivront longtemps après la chute de Rome.

Pour mieux comprendre la complexité de cette histoire, voici quelques points marquants :

  • Les premières règles deviennent ainsi le terrain d’interprétations multiples, entre pragmatisme médical et superstitions.
  • L’histoire de la règle offre un éclairage sur l’évolution des sociétés, de la reconnaissance scientifique à la stigmatisation culturelle.

Qui a inventé les protections périodiques ? Un regard sur les grandes innovations

Le besoin de protections hygiéniques structure la vie des femmes à travers les âges, mais il faut attendre l’essor industriel pour voir apparaître les premières solutions commercialisées. Au XIXe siècle, les linges lavables, cousus à la main, circulent discrètement en Europe et aux États-Unis. Leur efficacité reste limitée, et la peur d’être démasquée accompagne chaque utilisation. Le tournant s’opère au début du XXe siècle avec l’arrivée de la serviette hygiénique jetable, fruit de l’audace de quelques industriels.

En 1931, Leona Chalmers, Américaine inventive, dépose un brevet pour la première cup menstruelle en caoutchouc vulcanisé. L’idée est novatrice, mais les mentalités n’y sont pas prêtes, et la Seconde Guerre mondiale freine sa diffusion. Quelques années plus tard, un médecin, Earle Haas, conçoit le tampon avec applicateur. En 1934, la société Tampax se lance dans la fabrication à grande échelle : pour de nombreuses femmes, c’est l’avènement d’un nouveau confort, synonyme d’autonomie et de liberté de mouvement.

Le XXIe siècle voit émerger la culotte menstruelle, alliance de textile technique et de praticité. Réutilisable, discrète, elle répond à la demande de produits plus respectueux du corps et de l’environnement, séduisant une nouvelle génération en quête de solutions durables.

Voici les jalons principaux de cette histoire d’innovation :

  • Serviettes hygiéniques jetables : commercialisation dès le début du XXe siècle.
  • Cup menstruelle : invention par Leona Chalmers, brevet en 1931.
  • Tampon hygiénique : développement par Earle Haas, diffusion par Tampax à partir de 1934.
  • Culotte menstruelle : émergence et adoption croissante au XXIe siècle.

Le choix s’élargit, chaque innovation accompagnant une évolution du regard porté sur le corps féminin et la santé menstruelle.

Tabous et croyances : comment les règles ont façonné les sociétés à travers le temps

Le cycle menstruel n’a jamais été un simple fait biologique : il a façonné des normes, des exclusions, des mythes. Les religions monothéistes perpétuent l’idée d’impureté. Selon la Bible ou la Torah, la femme qui a ses règles doit s’isoler, écartée des rituels et parfois même de la vie familiale. Ces prescriptions religieuses imposent une séparation qui déborde largement du cadre spirituel.

Dans de nombreux pays, les croyances s’enracinent dans les pratiques sociales. En Afrique, la stigmatisation du cycle menstruel pousse encore de jeunes filles à quitter l’école. Au Népal, la coutume du Chaupadi force les femmes à s’exiler dans des abris précaires chaque mois, sous peine d’apporter le malheur à leur foyer. En Inde et en Afghanistan, les interdits se multiplient : accès restreint à l’eau, interdiction de cuisiner, peur irrationnelle de la stérilité.

La modernité n’efface pas d’un revers de main ces représentations. Du XVIIe au XVIIIe siècle, certains médecins européens affirment que les femmes menstruées émettent des ménotoxines, substances fantasmées responsables de maladies. Il faudra attendre le travail rigoureux de scientifiques comme De Graaf, qui identifie les follicules ovariens, et du docteur Ogino, pionnier de l’étude de l’ovulation, pour commencer à dissiper ces explications sans fondement.

À travers ces exemples, impossible d’ignorer que les règles ont longtemps servi de prétexte à l’exclusion, à la marginalisation, et à la construction d’une identité féminine marquée par l’interdit.

règle scolaire

Vers une déstigmatisation : où en sommes-nous aujourd’hui avec la perception des règles ?

Le regard social évolue, lentement mais sûrement. Ce qui était tu se raconte désormais à voix haute. Associations, personnalités engagées, campagnes médiatiques : la mobilisation s’accélère pour briser le silence. Les réseaux sociaux amplifient cette dynamique, accueillant témoignages, initiatives éducatives, et créations artistiques. Le tabou, longtemps massif, commence à se fissurer.

Les changements ne restent pas théoriques. Plusieurs établissements scolaires et universités en France proposent désormais la gratuité des protections périodiques ; l’Écosse va plus loin et rend cet accès universel. Quelques entreprises s’essaient à une prise en compte concrète du cycle menstruel dans la gestion de leurs équipes. Même la langue se transforme : les mots s’ajustent, s’affinent, pour rendre compte d’une réalité trop longtemps minimisée.

Sur le terrain, la pédagogie s’intensifie. Médecins, enseignants, associations interviennent dans les collèges, déconstruisent les fausses idées et encouragent un dialogue ouvert. La menstruation s’invite dans l’espace public : elle n’est plus seulement une question d’intimité, mais un enjeu de santé publique et de justice sociale.

Bien sûr, des résistances persistent, surtout là où l’accès à l’information demeure fragile. Mais la dynamique est enclenchée. Les jeunes générations, éduquées à l’égalité et à la franchise, bousculent les codes et font entendre la voix de celles qui trop longtemps ont été réduites au silence.

Le chemin vers la pleine reconnaissance des menstruations comme fait social universel n’est pas fini. Mais aujourd’hui, la parole circule, la honte recule, et c’est déjà un bouleversement. Qui aurait parié, il y a un siècle, sur une telle métamorphose ?